A Vézelise, à deux pas des halles, un pignon de maison est orné d’une curieuse fresque. Un blason, rempli d’aiglons, de lions et de fleurs de lys, de couleurs et de formes étranges interpelle le flâneur. Ce blason, en vérité, est celui que portaient les ducs de la province à partir du XVIème siècle. Ce sont les « grandes armes de Lorraine ». Les « petites armes » ne présentant que la bande rouge chargée des trois alérions d’argent sur un champ d’or.
Mais alors, que nous montrent ces grandes armes ? Rien de moins que la carte de visite de nos anciens maîtres. Les territoires qu’ils revendiquaient. Les alliances qu’ils avaient contractées. En chef, c’est-à-dire en haut de l’écu, quatre blasons pour les quatre royaumes dont les Ducs de Lorraine s’estimaient être les héritiers. Il s’agit, de gauche à droite, des Royaumes de Hongrie, de Sicile, de Jérusalem et d’Aragon. En pointe, on trouve quatre autres blasons, figurant les quatre duchés sur lesquels nos ducs avaient des prétentions régaliennes. Il s’agit des Duchés d’Anjou, de Gueldre, de Juliers et de Bar. Au cœur de l’écu, on retrouve les armes historiques de la maison ducale de Lorraine : d’or à la bande de gueules chargées de trois alérions d’argent.
Ces grandes armes, définitivement fixées sous le règne du Duc Antoine (1508-1544) sont traditionnellement surmontées d’une couronne ducale, de laquelle sort un alérion tenant un phylactère dans son bec et sur lequel on peut lire « Priny ! Priny ! », référence au château de Prény et dont le nom servait de cri de guerre à nos ducs. La devise de la maison ducale, contrairement à ce qu’on entend souvent, n’est pas « Qui s’y frotte s’y pique » mais « Fecit potentiam in bracchio suo », une phrase tirée du magnificat et qui signifie « Il a placé la puissance dans son bras ». Le fameux « Qui s’y frotte s’y pique » est en revanche la devise de la ville de Nancy, qui arbore d’ailleurs, en chef de son blason et en plus du chardon, les grandes armes de Lorraine.