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Du curé de Fraimbois

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Ce Conte de Fraimbois nous narre comment le curé du village, qui n’en pouvait plus de prêcher en ce trou paumé du Lunévillois, a réussi à obtenir sa mutation.

C’était au temps de Louis-Philippe. Monsieur le curé de Fraimbois avait eu des histoires avec ses paroissiens. Ça avait d’abord été pour le mur du cimetière qu’ils n’avaient pas voulu faire réparer. Puis le maître d’école avait fait des manières avec lui. La préfète de la congrégation, de son côté, qui était pourtant une personne parfaitement convenable, lui en voulait parce qu’une fois, à confesse, Monsieur le curé lui avait dit qu’elle n’était qu’une vieille câcatte.

Pour bien dire, le vieil homme s’ennuyait fort à Fraimbois. Il aurait bien voulu que Monseigneur lui offre une autre cure. Mais à chaque fois que Monsieur le curé lui en parlait, Monseigneur lui répondait : « Demeurez donc avec vos innocents, vous ne serez jamais aussi bien qu’à Fraimbois ! » Pour quitter définitivement Fraimbois, notre prêtre, qui était un malin originaire de la Grande-Bezange, envoya une lettre à Monseigneur en lui disant : « Je ne peux plus demeurer ici car tous mes gens sont possédés du diable. Venez voir, une fois, à la grand-messe, vous vous rendrez compte de la situation. »

Monseigneur arrive donc à Fraimbois. Tous mes pauvres gens étaient dans leurs bancs, bien recueillis. Monseigneur se dit : « Mais ces gens-là ne sont pas possédés du tout. C’est plutôt mon curé qui l’est ! » Monsieur le curé descend de l’autel pour l’Asperges me. Il trempe son goupillon dans le petit seau et il commence à arroser les innocents. Aussitôt, les hommes, les femmes, les enfants se mettent à hurler : « Nous sommes brûlés ! Nous sommes brûlés ! » et ils s’enfuient tous de l’église comme s’ils avaient eu le feu aux pantalons.

Alors, voyant cela, Monseigneur vient vers Monsieur le curé et lui dit : « C’est bien vrai, mon pauvre curé. Vos gens sont possédés du diable. Vous changerez de paroisse tout de suite. Vous irez à la Bouzule. »

Qui est-ce qui riait ? C’était Monsieur le curé. Il avait aspergé ses benêts de paroissiens avec de l’eau bouillante. Et mes pauvres maquereaux et mes pauvres bâcelles s’étaient sauvés devant ce qu’ils crurent être le goupillon du diable !

Rédigé par Kévin GOEURIOT

Historien de la Lorraine, écrivain et professeur d’histoire-géographie pour le Groupe BLE Lorraine.

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