La Cathédrale Saint-Etienne de Metz, dont la construction a débuté en 1220, célèbre ses 800 ans à compter de l’année 2020. Mais les festivités ont déjà commencé le 8 décembre 2019, date de l’ouverture officielle de l’année jubilaire. Un moment tout à fait opportun, me direz-vous, pour réveiller cette vieille dame de pierre, dont certains considéraient qu’elle était devenue une belle endormie.
Cette année jubilaire s’apparente à un temps privilégié pour prendre conscience de la place qu’occupe ce grandiose édifice gothique dans la vie locale de Metz et au-delà. Parmi les grands événements qui vont émailler ce jubilé, l’un d’eux s’est déjà produit le 26 décembre 2019, à l’occasion de la Saint Etienne, saint patron de la cathédrale, avec le baptême d’une nouvelle cloche dédiée à Saint Paul. Un événement rare en Moselle, puisque la précédente cloche qui avait été installée, c’était Etienne, en l’an 2000. Mgr Jean-Christophe Lagleize, l’évêque de Metz, fut lui-même le premier étonné. « La bénédiction d’une cloche est rare, c’est la première fois que je le vois, et donc que je célèbre le baptême d’une cloche », témoigne-t-il. Et même si elle peut être qualifiée de petite cloche, elle pèse tout de même plus de 500 kilos ! Baptisée Paul, elle a été coulée par la Fonderie Bollée d’Orléans dans un alliage de 78 % de cuivre et 22 % d’étain. Elle sonne en do dièse 4. Mais s’agissant de la sonnerie en général, l’évêque dans son homélie, a su restituer la vraie vocation de cet instrument de percussion et rappeler que les cloches sont aussi au service de la cité : « Dans les heures décisives de notre pays ou du monde, il nous est demandé de faire sonner les cloches. Elles sonnent pour avertir des fléaux, pour ameuter, c’est la mission de la Mutte, ou pour alerter sur un événement exceptionnel. Elles appellent à nous mettre en sécurité. »
Paul va rejoindre Marie, Catherine, Clément et les autres. Au total treize cloches comme étant les multiples voix de cette vieille dame octocentenaire. La cathédrale a en effet besoin d’un registre vocal très étendu pour ponctuer les peines et les joies et convoquer les fidèles. Il faut néanmoins savoir que le baptême de Paul n’a été rendu possible que grâce à l’action d’un jeune collectionneur de Lixheim, Renaud Bartylla, donateur et l’heureux parrain de la cloche. Nous avons eu l’occasion de rencontrer ce jeune homme de 25 ans, au demeurant fort discret, et de recueillir son témoignage qui rend encore plus belle cette histoire de ce premier événement jubilaire.
BLE Lorraine : Renaud, pouvez-vous nous parler de l’histoire de cette cloche et comment elle a pu devenir, grâce à vous, le premier événement jubilaire de la cathédrale de Metz ?
Renaud Bartylla : « Cette cloche a été fondue par la Fonderie Bollée à Orléans, transférée ensuite à la Fonderie Voegelé à Strasbourg. Elle comporte une belle représentation de la Sainte Vierge Marie, de Saint Louis et de Sainte Jeanne d’Arc. Elle m’a été offerte par une personne qui me savait passionné de cloches. Je suis allé la voir à la fonderie à Strasbourg et voyant l’imposante cloche, je me suis dit qu’elle ne pourrait pas aller dans nos clochers de campagne. Le patron de la fonderie, après avoir fouillé dans ses archives, m’informa qu’elle complèterait très bien l’ensemble campanaire de la cathédrale de Metz. J’ai contacté dans la foulée Mgr Lagleize, l’évêque de Metz, ainsi que le Chapitre Cathédrale pour leur faire cette proposition de don de la cloche. Ma proposition a été acceptée et quelques temps plus tard, on m’a annoncé qu’elle sera la cloche du jubilé des 800 ans de la cathédrale de Metz. Je vous laisse imaginer ma joie en apprenant cette grande nouvelle ! »
BLE Lorraine : Pouvez-vous également nous parler de vos engagements ? Le fait d’être parrain de la cloche de la cathédrale n’est pas le fruit du seul hasard, n’est-ce pas ?
RB : « Tout à fait, oui, je suis engagé en paroisse dans le service d’autel depuis l’âge de dix ans. Je suis également organiste. Mais j’aime aussi, quand j’ai du temps, préparer de beaux arrangements de fleurs car c’est par le beau que le cœur de l’homme peut être touché et marqué. En tout cas, c’est ainsi que moi j’ai été touché en ce temps-là. Depuis quelques années, j’ai répondu à l’appel du Seigneur en entrant en Propédeutique (Ndlr : année obligatoire avant le séminaire pendant laquelle le candidat approfondit son discernement vocationnel avec d’autres jeunes et des prêtres). Actuellement, en stage de propédeutique pour la seconde année, je suis dans une paroisse de l’Oise et je travaille dans un collège de la Fondation d’Auteuil, où je m’épanouis et vis de très belles expériences ! »
BLE Lorraine : Le 26 décembre à la cathédrale de Metz pour la bénédiction de la cloche, il y avait plus de monde que d’habitude. L’année jubilaire qui s’ouvre en est-elle la raison ?
RB : « J’ai été agréablement surpris par l’affluence des fidèles présents lors de la bénédiction de la cloche. Mais en même temps, c’est un évènement rare et exceptionnel qui fait venir beaucoup de monde. Dans l’histoire de l’Eglise, il y a eu des hauts et des bas dans la pratique et nous sommes actuellement dans une phase descendante de la pratique. Rien de nouveau sous le Soleil j’oserai dire. Mais aujourd’hui, dans une société qui pour beaucoup de nos contemporains n’aurait plus besoin de Dieu, cela semble plus compliqué de rejoindre les personnes. Alors comment remédier à cette déchristianisation ? Je crois que, plus que jamais, nous devons continuer de témoigner du Christ, qui est la Lumière du monde, là où nous sommes, autour de nous, en famille, au travail et ailleurs … Nous ne devons pas baisser les bras. La force du témoignage a un impact plus grand qu’on ne pourrait le penser. Pour finir, je dirais que l’Esprit-Saint souffle où il veut. Il guide et conduit l’Eglise comme toujours pour l’amener naturellement comme il l’a toujours fait, là où Il veut. Gardons donc confiance. »
Propos recueillis par Christian Schmitt qui adresse tous ses vœux de remerciement et de bonheur à Renaud dans son cheminement vers le sacerdoce.
Exposée depuis plusieurs mois sous les voûtes de la cathédrale Saint-Etienne de Metz, la nouvelle cloche Paul a été hissée au moyen d’une grue télescopique dans le beffroi de la Tour du Chapitre. C’est là, à soixante mètres de hauteur, qu’elle a rejoint les cinq autres cloches du campanile, dont Marie est la plus ancienne, puisque remontant à 1665, et la plus lourde, puisque pesant 3,2 tonnes. Ces vénérables dames ont pour mission d’annoncer les offices religieux. Mais il leur manquait un do#4 pour que l’harmonie soit parfaite. C’est justement la note de Paul qui la donne désormais dans sa jupe de cuivre (78 %) et d’étain (22 %). Le carillon a ainsi pu sonner au complet à l’occasion des célébrations de l’Assomption le 15 août. Rappelons enfin que la cloche Paul a été offerte à la cathédrale de Metz par le Lorrain Renaud Bartylla, passionné d’art campanaire.