Ce vieil adage bien connu et populaire s’inscrit dans le patrimoine culturel des jardiniers depuis des temps immémoriaux lorsque la culture des plantes en pots était réservée à l’ornement et aux plantes frileuses, dont la manipulation était ainsi facilitée à l’arrivée des frimas. A la Sainte-Catherine, tout prend racine.
Rappelons quelques principes de base. Dans nos contrées froides, la plupart des arbres et des arbustes perdent leurs feuilles en hiver. Ce sont les feuillages dits « caducs ». Ce phénomène est dû aux reflux de la sève dans les racines qui commence dès l’automne. Toute la partie aérienne est en repos végétatif. C’est une manière pour les plantes de se protéger du froid en supprimant d’elles-mêmes au maximum les prises aux morsures du gel. En même temps, le tapis de feuilles mortes se décompose tout au long de l’hiver et du printemps, grâce à l’activité incessante des micro-organismes, champignons et vers de terre qui participent ainsi activement à la formation de l’humus. Il est judicieux de noter que plus les climats sont froids en hiver et moins la flore naturelle contient de plantes à feuillages persistants lesquels, pour les raisons évoquées ci-dessus, présentent toute l’année des feuillages plus ou moins coriaces, dits persistants, qui peuvent néanmoins être endommagés par les fortes gelées.
Et depuis toujours les jardiniers ont noté que le déplacement et la transplantation des plantes à feuillage caducs en repos hivernal ne pose aucun problème. A cette époque-là on peut déraciner les plantes, et même dénuder les racines pour une manutention plus légère et plus facile, puis les replanter à l’endroit choisi sans difficulté. Un petit pralinage (mélange de terre enrichie et d’eau) sur les racines, un bon trou dans lequel on ajoute si nécessaire de la bonne terre de jardin et du compost, un tuteur, un arrosage copieux et l’affaire est conclue. La bonne reprise de la plante ainsi fraichement transplantée sera surveillée attentivement au cours des deux années qui suivront. Les arrosages complémentaires seront sans doute nécessaires puis disparaitront complètement dès la troisième année. La saison de ce type de transplantations commence aux alentours de la fin novembre, c’est-à-dire à peu près à la Sainte-Catherine, le 25 novembre, et s’étend jusqu’en mars, où la sève commence à remonter franchement. La meilleure période allant à mon sens de fin novembre jusqu’à mi-février.
Les plantes à feuillages persistants, dont les feuilles persistent sur les plantes et ne tombent donc pas d’un seul coup en automne, nécessitent plus de précautions à la transplantation. Comme la sève continue à circuler dans la partie aérienne toute l’année, il est indispensable de laisser une belle motte de terre autour des racines quand on les déplace, évitant ainsi que les racines et radicelles ne se trouvent en manque de nutriments et d’eau, ce qui leur est généralement fatal. C’est un vrai travail de pépiniériste que de confectionner, grâce un cernage à la bêche attentif et intelligent tout autour du collet de la plante, une belle motte compacte qui ne s’effrite pas, maintenue au besoin par une tontine, sorte de filet biodégradable. La taille de ladite motte dépend bien sûr du volume de la partie aérienne de la plante et des moyens dont on dispose pour la déplacer car la quantité de terre qui reste autour des racines alourdit considérablement le poids de la plante transplantée. En Lorraine, entrent dans la catégorie des plantes à feuillages persistants la plupart des conifères, les buis, les houx, les prunus lusitanica et caucasica et autres chalefs à feuillages persistants, liste non exhaustive.
Etant donné qu’on transplante les persistants avec un bon volume de leur terre autour des racines sans l’effriter, les plantes ne « s’aperçoivent » quasiment de rien. Cette opération peut donc se faire à tout moment, à peu près quand on veut, sauf en période de gel. Les mois de septembre et de d’octobre constituent une bonne époque pour transplanter les persistants en motte car la terre est encore chaude et les grosses chaleurs sont passées. En novembre les désherbages et tailles des vivaces se poursuivent, en ayant soin de ne pas toucher aux graminées, dont la plupart des chaumes restent très décoratifs tout l’hiver, même secs. Ne pas oublier non plus les rosiers qui, pour être florifères, requièrent un entretien régulier qui consiste principalement à couper à la base les branches les plus anciennes pour ne laisser que deux ou trois jeunes tiges vigoureuse et prometteuses de fleurs pour la saison suivante. Une seconde taille de propreté, plus légère, sera effectuée au cours du mois d’avril qui suivra.
Enfin, quand la couche de feuilles mortes multicolores est trop épaisse il vaut mieux la ramasser et alimenter ainsi le compost ou encore l’étaler généreusement au potager sur un sol nettoyé et très légèrement griffé. Pendant tout l’hiver les vers de terre vont effectuer d’incessants aller-retours entre les profondeurs et la surface du sol pour aller chercher les débris végétaux et les digérer, laissant au passage leurs déjections si bienfaisantes pour la terre.
Lorsque toutes ces tâches sont terminées le jardinier peut, l’esprit tranquille et les muscles endoloris, se reposer paisiblement au coin du feu tout en feuilletant les catalogues de semences, promesses de rêves, de plantes et de légumes pour le printemps à venir qui ne manquera pas d’activer à coup sûr son impatience légendaire à vouloir encore et toujours communier avec la terre.