Voici deux ans, Sofiane Boubahlouli partait pour un périple de neuf mois à pied de Boulay-Moselle à Alger. A la Porte des Allemands, l’exposition Un pas vers nos origines n’est pas un simple carnet de voyage. Elle propose autour de quatre thèmes une sélection de photos de sa chevauchée, mais aussi des toiles peintes par sa mère, bercée par la musique composée par son père.
Sofiane Boubahlouli entreprenait il y a deux ans un périple pédestre de 5 800 kilomètres pour découvrir ses doubles origines. Il s’agissait de rejoindre Alger, la ville de naissance de son père, en partant de Boulay, sa ville natale. Un pèlerinage entre France et Afrique, à travers quatre pays. Durant ses trente ou quarante kilomètres quotidiens, il pense, réfléchit et médite. Lors de sa traversée de l’Andalousie, Sofiane Boubahlouli a un flash : organiser une exposition de sa quête initiatique à Metz. Il faut dire qu’il est coutumier de ce genre d’illumination. « En avril 2017, lors des 3 200 kilomètres de ma traversée de la Nouvelle-Zélande, j’ai eu un déclic. Je me vois enlacer ma tante à Alger. Dix jours après cette vision, hébergé par un américain rencontré lors de l’ascension d’un volcan, ce dernier me fait découvrir le film The Way qui se déroule sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ce fut pour moi une révélation. Le projet de rejoindre l’Algérie à pied, en empruntant les chemins jacquaires était né », se souvient Sofiane.
La recherche identitaire comme fil rouge
Depuis son retour à la vie normale, il travaille à Strasbourg comme ingénieur commercial, Sofiane fait de nombreuses conférences, en Italie, à Paris ou à Farébersviller. Surtout, il peaufine dans sa tête « son » exposition. Sofiane ne veut pas d’un simple carnet de voyage photographique mais d’un lieu de réflexion mêlant musiques, peintures et photos. « C’est naturellement avec mes parents, mes origines les plus précieuses, que j’ai souhaité partager cette exposition. On a pris trois directions artistiques différentes, et, à la fin, on se rejoint pour cette expo », ajoute-t-il. Des tableaux de Francine Van Dyck seront exposés. Sa mère, homonyme d’un illustre peintre néerlandais du XVIIème siècle, pratique une peinture intuitive faite de créations spontanées pour lesquelles elle se laisse traverser par des informations venues d’ailleurs. Son père, Mourad, plus connu sous le nom d’El Yed (« la main tendue » en arabe), a composé spécialement quatre morceaux pour cette expo en s’essayant à un nouveau style musical et à une nouvelle technique, le « hammer jammer », c’est-à-dire frapper les cordes de la guitare au lieu de les pincer. S’ajoutent une trentaine de photos choisies parmi les centaines de cette marche de neuf mois. Elles servent de fil conducteur à cette quête spirituelle et à ce retour aux origines.
A voir jusqu’au 6 novembre à la Porte des Allemands
C’est grâce à Dorothée Rachula, chargée de la valorisation du patrimoine à la Ville de Metz et à Sébastien, le scénographe, que le projet longuement mûri de Sofiane a vu le jour. Son exposition, Un pas vers nos origines, est visible gratuitement de mardi à dimanche de 14 heures à 17 heures jusqu’au 6 novembre à la Porte des Allemands à Metz. Ayant longtemps habité à Metz-Bellecroix, la Porte des Allemands est un endroit magique pour le marcheur trentenaire, un lieu de jonction vers le centre-ville.