Le petit train touristique d’Abreschviller est une véritable institution au Pays de Sarrebourg. L’association qui en assure la gestion a dernièrement fêté les cinquante ans de son inauguration officielle réalisée en 1969. Une date qui a tourné la page de 85 ans d’exploitation forestière pour en écrire une autre, celle du tourisme.
En effet, à Abreschviller, le train n’a pas toujours été utilisé pour transporter des voyageurs et des touristes. Arrivé dès 1884 dans le Massif du Donon, il a d’abord servi à l’exploitation de la forêt qui allait considérablement se développer. Cinq kilomètres de voies furent ainsi posés dans le village à partir des scieries Zweibach, au confluent de la Sarre Rouge et du ruisseau. Le réseau ferroviaire atteignit treize kilomètres en 1888. Il n’y avait pas encore de locomotive à vapeur à cette époque dans le massif. Les wagonnets étaient tractés à vide dans la montée par des chevaux. Ils redescendaient ensuite chargés de bois par gravité. En 1892, afin de pas perdre tout le bois des milliers d’arbres abattus par une tempête, 35 kilomètres de nouvelles voies furent aménagés en l’espace de quatre mois. Les premières locomotives à vapeur firent alors leur apparition à Abreschviller. Alors que l’activité commençait à décliner, une autre tempête relança l’exploitation forestière ferroviaire en 1902. Le réseau atteignit finalement son apogée dans les années 1940 avec près de 80 kilomètres de voies. Abreschviller possédait à cette époque le plus vaste réseau ferroviaire forestier de France.
Mais l’activité déclina pour de bon après la Seconde Guerre mondiale en raison du perfectionnement des techniques d’abattage des arbres et de l’augmentation de la productivité de coupe qui en découlait. Des routes furent construites à travers le massif pour absorber ce surplus. Plus flexible et plus adapté aux nouvelles méthodes d’exploitation forestière, le camion supplanta progressivement le rail pour le transport du bois. Les voies ferrées commencèrent alors à être retirées. Cette concurrence avait déjà réduit le réseau ferroviaire de moitié en 1964. Surfant sur l’intérêt du public pour les petites lignes ferroviaires, l’Office National des Forêts (ONF), créé la même année, décida de reconvertir les réseaux forestiers dans le tourisme et les loisirs en partenariat avec des associations locales. C’est ainsi que l’exploitation forestière ferroviaire fut définitivement arrêtée dans le Massif du Donon en 1966 et que l’Association du Chemin de fer Forestier d’Abreschviller fut créée en 1968. La ligne touristique fut officiellement inaugurée le 20 avril 1969. Longue de 6,1 kilomètres, elle relie toujours Abreschviller à Grand Soldat, le village natal de l’écrivain Alexandre Chatrian. Des milliers de touristes l’empruntent chaque année dans un cadre bucolique à bord de wagons authentiques tractés par des locomotives à vapeur du début du XXème siècle.