Ultimes préparatifs, chargement des bagages, vérification des équipements et autres matériels indispensables, Barbara Barbier et Charlène Lestienne sont dans les starting-blocks. D’ici quelques jours, elles s’élanceront sur la ligne de départ de la 29ème édition du Rallye Aïcha des Gazelles du Maroc au volant d’un buggy électrique équipé de batteries Tesla. Nom de code de leur équipage : Drag’On Roads en clin d’œil au Graoully messin.
Comme elles, ils seront 160 équipages 100 % féminins de quinze nationalités différentes au départ de la course qui se déroule du 15 au 30 mars dans le Sud du désert marocain. Charlène Lestienne, capitaine de l’équipe réserve du Metz TT, rêvait de vivre cette aventure depuis toute petite. Il faut dire qu’elle baigne dans le milieu grâce à son père. Ce dernier, pilote de rallye à ses heures perdues, est également le dirigeant des Assurances Lestienne à Reims qui sont spécialisées dans les sports mécaniques. « C’est elle qui m’appelée un soir de Nouvel An pour demander de participer avec elle à ce rallye », raconte Barbara, professeur des écoles. « Même si je ne savais pas vraiment dans quoi j’allais m’engager, je n’ai pas hésité une seule seconde. J’ai dit oui. Il faut dire que je suis aussi un peu aventurière dans l’âme », poursuit celle qui est fait aussi partie du Comité d’Animation de Pouilly, dans le Sud messin. « Nous avions toutes les deux un réel besoin d’évasion au moment où nous rencontrions chacune quelques turbulences dans nos parcours de vie », enchaîne Barbara. Intrépides, curieuses de découvrir de nouveaux horizons et de relever ce défi, les deux trentenaires se lancent donc dans cette aventure, afin de vivre une expérience humaine hors du commun. Elles montent leur dossier et partent à la recherche de sponsors. Un travail qui leur demande beaucoup de temps et d’investissement, pas toujours conciliable avec leur vie familiale. Le sport automobile n’ayant pas toujours bonne presse, ce sera sans l’aide des collectivités locales. Mais avec le soutien du privé comme par exemple des Assurances Lestienne ou de Carrefour. Barbara et Charlène s’activent en parallèle pour récolter des fonds en organisant brocante, tombola et tournoi de futsal. Il faut dire que le budget global de leur participation s’élève à 35 000 euros, dont près de 15 000 euros de frais d’inscription.
Compétitrices dans l’âme, les deux Lorraines veulent s’imposer dans la catégorie véhicule électrique parrainée par le Prince Albert de Monaco dans laquelle dix équipages sont inscrits. Elles seront en effet au volant de l’un des deux prototypes de buggys électriques développés par la société vendéenne Brouzil Auto. Histoire de pimenter un peu l’aventure, c’est la première fois au monde que ces véhicules, conçus spécifiquement pour l’occasion, sont engagés sur un rallye-raid automobile. Charlène et Barbara seront ainsi en quelque sorte des pionnières. « Le choix de cette catégorie de véhicule était pour nous une évidence car nous voulons promouvoir la vision d’un sport automobile propre. Notre démarche doit être écoresponsable », assure Barbara. « Offrant une autonomie de 200 km, les batteries Tesla du buggy seront rechargées pendant la nuit, sachant que nous ferons en moyenne 120 à 140 km par jour dans le désert », détaille la jeune maman. De quoi alors avoir un peu de marge ? « Pas tant que ça. La montée d’une dune de sable demande par exemple plus d’énergie que de rouler sur une route plate. Nous serons à une vitesse moyenne de 10 km/h par jour. Cela s’explique par les reports de cap, l’itinéraire à calculer, les roues ensablées ou à débarrasser des herbes à chameaux, etc. Certaines personnes pensent que nous partons en vacances, alors qu’il s’agit véritablement d’un challenge sportif. Nous emmenons avec nous pelles, plaques de désensablage et sacs de couchage pour surmonter ces difficultés. Il y aura deux étapes marathon avec la nuit à passer dans le désert. Les autres se feront dans un bivouac, où des équipes de mécaniciens nous attendrons pour effectuer les réparations nécessaires », continue Barbara. A l’issue de la course, si les tests des véhicules s’avèrent concluants, ils pourront alors prendre part à d’autres compétitions.
Il faut dire que le Rallye Aïcha des Gazelles fut le premier du genre à intégrer une catégorie véhicule 100 % électrique dès 2017. Il est également le seul au monde à être certifié depuis 2010 par la norme environnementale ISO 14001. Afin de donner une autre vision du sport automobile, c’est l’équipage qui parcourt le moins de kilomètres qui le remporte. Il s’agit en effet de trouver les huit balises disséminées chaque jour dans le désert en limitant le plus possible son déplacement et uniquement à l’aide de cartes et d’une boussole. Une navigation à l’ancienne sans GPS et sans smartphone qui demande aux équipages d’élaborer une stratégie en tenant compte du relief. Pour des raisons de sécurité, les participantes sont néanmoins suivies par satellite par les organisateurs. L’idée est aussi de réduire les émissions de CO2, la consommation d’eau et les déchets produits. Ainsi, chaque émission de dioxyde de carbone est compensée au niveau du programme Action Carbone de la fondation GoodPlanet, créée par Yann Arthus-Bertrand en 2006. Le Rallye Aïcha des Gazelles se veut par ailleurs social et humanitaire. En parallèle, l’association Cœur de Gazelles apporte assistance médicale et aide à la scolarisation auprès des populations marocaines. 8 000 consultations médicales sont par exemple organisées chaque année au moment de la course.
Plus de 20 000 spectateurs sont attendus à Nice pour le départ officiel de la compétition le vendredi 15 mars. Charlène et Barbara prendront quant à elle très prochainement la direction de Monaco puisque la catégorie véhicule électrique est placée sous le parrainage du Prince Albert. A bord de leur buggy n°601, elles effectueront le mercredi 20 mars un prologue, sorte d’étape test qui ne comptera pas dans le classement. La course à proprement parler se déroulera entre le 21 et le 28 mars. A noter enfin qu’un équipage de Nancy est également engagé.
Vous pouvez suivre les aventures de Barbara et de Charlène sur leur page Facebook Drag’On Roads.