Ce printemps fut très attendu comme chaque année en Lorraine. En plein cœur du si bien nommé joli mois de mai, tout a explosé dans les jardins et le jardinier ne sait plus où poser son regard et sa binette tant la nature est prospère et généreuse.
Les arbustes à floraison printanière se hâtent de produire une floraison remarquable. Les forsythia, cornus mas et autres viburnum précoces ont déjà défleuris. Ils avaient d’ailleurs régalé les abeilles affamées en mars et en avril. D’autres moins connus que les classiques et merveilleux lilas nous ont également offert un spectacle surprenant de beauté et de parfum.
Les fleurs blanches fertiles en corymbes aplatis des viornes opulentes ou viornes obier (viburnum opulus) n’ont rien à envier à leurs sœurs fertiles appelée le plus souvent « Boules de neige », d’autant qu’elles produiront en automne des grappes de graines rouge orangé très décoratives et appréciées des oiseaux, accompagnées d’un somptueux feuillage rouge bordeaux qui enflammera les bords de rives et terrains frais de Lorraine.
D’autres viornes, les viburnum plicatum, un peu plus sophistiquées, s’épanouissent déjà elles aussi dans leurs formes stériles en boules blanches ou légèrement rosées ou mieux encore en corymbes aplatis constitués de petites fleurs fertiles au centre et stériles sur la couronne extérieure. Les fruits rouges ou noirs entourés d’un très beau feuillage coloré en automne apporteront quant à eux un joli avantage supplémentaire.
Dans la famille des lilas observons le moins connu et imprononçable syringa sweginzowii : une avalanche de longs corymbes opulents de petites fleurs d’un vrai beau rose frais dont le parfum interpelle tous les promeneurs qui rôdent alentour. Point besoin de paroles ni de longs discours, cet arbuste statique et muet comme tous ses congénères du règne végétal attire à lui tout ce qui vit et marche dans ses parages tant son parfum est prégnant.
Dans le registre des parfums celui de l’eleagnus caspica, mélange de miel et de fleur d’oranger, est d’une suavité inégalée. Il faut dire que ses toutes petites fleurs jaunâtres sans grand intérêt n’ont que cet atout pour attirer abeilles et autres butineurs et ils ne s’en privent pas ! Le feuillage très argenté de ce chalef produit un très bel effet décoratif en contraste avec les jeunes feuillages verts et juvéniles des compagnons feuillus alentour.
Les premiers chèvrefeuilles arbustifs (lonicera maacki) exposent leurs fleurs à nulles autres pareilles, simples et sophistiquées à la fois, le plus souvent parfumées, en grappes gracieusement disposée en étages réguliers, un exemple saisissant d’élégance et de précision architecturale. Les fruits et le bois décoratif complèteront un peu plus tard en saison les qualités de ce très bel arbuste trop souvent méconnu.
Enfin, ceux qu’on pourrait facilement considérer comme les princes du jardin, les cornus kousa, originaires du Japon, sont parfaitement bien adaptés au climat frais et contrasté de notre belle Lorraine, et contrairement à ce qu’on lit souvent, le calcaire, à doses modérées bien sûr, et l’argile, ne les dérangent pas plus que ça. Leurs fleurs sont composées de quatre bractées vertes qui s’agrandissent puis blanchissent durant tous les mois de mai et de juin. Ce sont en fait des pétales modifiés. La fleur est ainsi le petit et discret bouton central qui produit par la suite un fruit comestible qui ressemble à une petite fraise sans en avoir la saveur pour être tout à fait honnête. L’attrait de ce très bel arbuste réside dans son port très élégant plus ou moins en plateaux, ses fleurs d’une distinction rare et son feuillage coloré en automne … tout pour plaire sauf le parfum, inexistant. Sa culture est assez facile au Soleil ou à ombre légère, dans un sol plutôt drainant, frais et riche en humus. Il faut être patient avant d’obtenir un beau cornus kousa. Sa croissance lente mais sûre récompense sans compter les jardiniers hardis et attentionnés. Les jardins en comptent fort heureusement de très nombreux !