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Ascométal repris par Schmolz + Bickenbach

Le Tribunal de Grande Instance de Strasbourg a dernièrement désigné le groupe germano-suisse Schmolz + Bickenbach pour reprendre Ascométal, leader des aciers spéciaux en France, dont le siège se trouve à Hagondange en Lorraine.

L’offre la plus solide industriellement l’a finalement emportée sur la mieux-disant socialement portée par le groupe indo-britannique Liberty Steel. L’ancienne filiale et pépite d’Usinor avait été placée en redressement judiciaire fin novembre 2017 après son dépôt de bilan. Avant cela, elle avait demandé en vain à la banque d’affaires suisse UBS de lui trouver une solution d’adossement pour renflouer sa trésorerie. 580 emplois sont concernés en Lorraine à Hagondange et à Custines.

Malgré sa bonne réputation dans l’univers de la métallurgie mondiale, ce n’est pas la première fois qu’Ascométal, prisonnier de la finance internationale, se retrouve dans une telle situation. La société avait en effet déjà été placée en redressement judiciaire en mars 2014. Elle avait alors été reprise par une équipe d’investisseurs français et européens emmenée par Frank Supplisson. Malgré une amélioration des résultats l’année dernière, cette reprise n’a pas résisté à une année 2016 calamiteuse, marquée par la chute du prix du pétrole et une concurrence chinoise exacerbée, qui a plombé les comptes d’Ascométal de plusieurs millions d’euros et l’a contraint à céder ses centrales électriques en Rhône-Alpes.

Deux géants aux offres très différentes s’opposaient cette fois-ci pour mettre la main sur Ascométal. D’un côté, Liberty Steel sauvegardait près de 1 400 emplois sur deux ans et tous les sites du groupe spécialisé dans l’acier pour l’automobile et les hydrocarbures, dont notamment la joint-venture Ascoval et ses 350 emplois, grâce aux 37 millions d’euros qu’apportait Vallourec. En contrepartie, le mastodonte du milliardaire indien Sanjeev Gupta exigeait des subventions d’environ quarante millions d’euros de la part des collectivités territoriales et de l’Etat français. Référence dans le secteur d’activité, Schmolz + Bickenbach présentait une offre plus dure socialement mais plus solide et plus cohérente d’un point de vue industriel en misant sur une consolidation de la filière des aciers spéciaux en Europe et sur la complémentarité à terme entre les installations allemandes et françaises. Retenu, le groupe germano-suisse ne reprend en effet pas Ascoval et prévoit de supprimer une centaine de postes, dont 37 à Hagondange. Le laminoir du site des Dunes dans le Nord, le train à fil de Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône et l’aciérie de Hagondange seraient également fermés d’ici fin 2019. L’offre de Liberty Steel condamnait tout autant la dernière aciérie de Moselle dans le même laps de temps. Cette structure, capitale pour de nombreux sous-traitants et pour que Hagondange reste un site intégré, emploie une centaine de personnes. Souffrant depuis plusieurs années d’une manque d’investissements, il faudrait quinze millions d’euros pour la pérenniser, alors que sa fermeture entraînerait un plan social estimé à près de sept millions d’euros. Elle risque donc bien de faire l’objet de la prochaine grande bataille syndicale en Lorraine.

Rédigé par Thomas RIBOULET

Président-fondateur du Groupe BLE Lorraine et Rédacteur en Chef de BLE Lorraine.

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