Le père, la mère et les trois filles pratiquent la savate boxe française. L’aînée, Sara, 17 ans et demi, vient d’atteindre le Graal en devenant en juillet dernier en Croatie, Championne du monde des moins de 18 ans. La consécration et la fierté pour l’Uppercut-Club du Pays de Nied, né voici dix ans, présidé par Olivia, la mère, et entraîné par Dany, le père.
L’ambition n’arrête personne. Encore moins Sara Muller. Elle ne cesse en effet de progresser tant physiquement que moralement. Avec une détermination sans faille, elle remporte titre sur titre jusqu’à celui de Championne du monde jeune. Une ascension fulgurante qu’elle compte poursuivre dans la catégorie adulte.
Des débuts à quatre ans
Née avec ce siècle, très bonne élève, aujourd’hui en Terminale S au Lycée de la Communication à Metz pour ensuite se diriger vers médecine, Sara pourrait être une lycéenne comme les autres, sauf qu’elle doit jongler entre entraînements et cours, stages et déplacements. Elle collectionne les titres dans un sport peu médiatisé et pourtant populaire, la savate boxe française. Pour s’amuser, dès l’âge de quatre ans, elle suit ses parents aux entraînements au club de Metz. En Sixième, Sara commence à s’entraîner sérieusement pour les compétitions. En 2014, elle décroche son premier titre de Championne de France minime. En 2015, elle est Vice-championne de France et en 2016, après son titre de Championne de l’Est, elle doit arrêter pour cause de blessure. A la mi-juillet de cette année, à Varazdin, au Nord-Ouest de la Croatie, elle bat une Russe, deux Croates et une Belge pour devenir Championne du monde des moins de 52 kg. « Pour être sélectionnée aux championnats du monde, j’ai dû remporter tous les titres : Lorraine, Est, Grand Est et championnat de France. Après un stage à l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance) à Paris et l’intégration en équipe de France, j’ai décroché le titre de Championne du monde, mon rêve. D’ailleurs, les sept filles de l’équipe de France ont été toutes sacrées championnes du monde. C’était génial, une ambiance au top. Mes parents m’ont permis de mettre toutes les chances de mon côté ».
Une famille de « tireurs »
Coach sportif indépendant au Luxembourg, Dany Muller, le papa, pratique la savate boxe française depuis l’âge de neuf ans. Ancien Champion de France, il a créé en 2008 avec sa femme le club de savate boxe française de l’Uppercut-Club du Pays de Nied qui regroupe le lundi à Boulay et le mardi à Piblange près de deux cents pratiquants. A la fois, moniteur et juge par ses diplômes, il entraîne Sara et les membres du club. Dans la famille Muller, le deuxième « tireur », du nom des combattants de ce sport, n’est autre qu’Olivia, la maman, présidente du club depuis deux ans. Elle aussi, monitrice et juge, a débuté la savate à l’âge de sept ans, a été deux fois Championne de France et a rencontré Dany lors d’une compétition. Emma, quatorze ans, sparring-partner de sa sœur Sara, est Championne de France minime mais plus motivée par l’arbitrage. Quatrième « tireur » de la famille, Lylou, onze ans, pour qui la savate est une passion plus récente. « On n’a jamais rien imposé à nos filles. Elles sont venues d’elles-mêmes à la boxe », tient à préciser Olivia. Le petit dernier, Adonis, dix mois, attendra encore avant de pratiquer la savate boxe française.
Papa et maman poules et cools
Les sacrifices consentis par Olivia et Dany depuis plusieurs années ont porté leurs fruits. Ils se sont donnés les moyens d’y arriver en aménageant une salle d’entraînement dans le garage de la maison familiale à Piblange, à quinze kilomètres de Boulay. « C’est mieux d’avoir un père entraîneur, il n’y a pas de coupure entre maison et entraînement. C’est un plaisir. Je sais qu’il y a la récompense au bout », confesse Sara, admirative. Malgré un asthme à l’effort, Sara, du haut de son 1,60 mètre et ses 50 kg, est déterminée et volontaire, bien que réservée et très discrète sur ses titres. « Je ne me pose pas de question en montant sur le ring. J’écoute ma musique, du rap, pour me motiver. J’analyse ce que mon adversaire fait et je donne tout pendant 90 secondes, intenses », explique Sara de sa voix douce. Ado bien dans son époque, fan de musique et de séries télé comme Grey’s anatomy ou Reign, elle mène parallèlement étude et sport avec peu de loisirs et ce n’est pas évident. Mais, après une coupure de deux mois après son titre, Sara va reprendre rapidement l’entraînement et penser à son changement de grade et de catégorie pour passer chez les adultes en janvier, en attendant un stage à Toulouse avec l’équipe de France. Lors d’un récent forum des associations, la nouvelle Championne du monde a été honorée et récompensée par la municipalité de Boulay, le département et la région. Ce qui a fait dire à sa mère : « elle est douée en tout ».