Entrer dans l’univers extraordinaire de Julie Houdemont à Villers-lès-Nancy, c’est comme découvrir une profusion de couleurs, vives, parfois plus sombres, d’émotions et de joies qui ne laissent ni insensible ni indifférent. Ses images collées et vernies tirées de magazines, de livres ou de vieux papiers, ponctuées de super-héros, de scènes de cinéma ou de personnages de bandes dessinées ornent bustes de femme et toutes autres formes de supports tels cet énorme gorille en résine ou ces trois singes chinois. Son art a le don de parler à tout le monde, aussi bien aux adultes qu’aux enfants, de puiser dans l’imaginaire, même enfoui, de chacun qui y trouve son histoire.
L’artiste de 31 ans, originaire de Pulnoy, se souvient encore avec émotion de sa première exposition organisée en 2012 au Boucl’Art à Nancy par sa meilleure amie. Une époque où elle n’osait pas, par peur d’avoir honte ou d’affronter le regard des autres qui peut être critique. Il faut dire que Julie Houdemont laisse un peu d’elle dans chacune de ses œuvres. Celle qui ne s’inspire pas d’autres artistes, puise dans sa propre vie, dans ses expériences, dans ses souvenirs, dans ses déceptions aussi, pour créer un art très personnel, où chacun peut pourtant se reconnaître. Un art puissant dans lequel elle exprime avec force et légèreté ses sentiments et ses émotions qu’elle colle littéralement pour ne faire qu’un avec la matière. C’est comme cela qu’elle trouve du plaisir dans sa passion. Son art du collage évolue avec sa vie. « Il agit pour moi comme une sorte de défouloir, c’est quelque chose de spontané », confie celle qui cherchait il y a cinq ans encore un terrain d’expression pour se libérer et se raconter. « Je ne suis pas peintre, je ne sais pas dessiner, par contre, j’ai toujours été bricoleuse », avoue-t-elle. C’est d’ailleurs comme cela que tout a commencé, au moment de refaire son appartement. Elle s’est alors éprise pour le collage et l’assemblage d’images pour en faire des tableaux. Depuis cette passion débordante et dévorante ne la quitte plus. Elle éprouve le besoin de s’y consacrer tous les soirs. Julie Houdemont a mis sept mois pour finir son premier tableau qu’elle destinait à son frère, avant de le garder finalement pour elle. Elle a ensuite pris davantage confiance en elle, surtout après ses premières ventes. Celles-ci furent néanmoins un « moment de déchirement », l’artiste devant se résoudre à se séparer de ses œuvres, soit autant de fragments d’elle. Boulangère au Faubourg des Trois-Maisons à Nancy, elle a décidé de laisser du temps au temps et de créer une auto-entreprise pour essayer de vivre de son art.
Bien du chemin a déjà été parcouru pour cette jeune artiste talentueuse et prometteuse entre ses deux expositions au Cora Houdemont (ça ne s’invente pas) et au pub rock chez Paulette à Pagney-derrière-Barine en mars dernier.