Au terme d’un concours organisé sur Facebook par Gares et connexions, filiale de la SNCF qui gère et exploite les 3 000 gares de France, la Gare de Metz a dernièrement été désignée par les internautes « plus belle gare de France ». Elle s’est largement imposée en finale, avec des dizaines de milliers de vote en sa faveur, face à celle de La Rochelle. Auparavant, Metz avait également terrassé Tours, Strasbourg et Limoges. Une victoire méritée pour la ville aux trois mille ans d’histoire !
Construite en 1904 pendant l’Annexion allemande sous ordre du Kaiser Guillaume II, l’imposante et majestueuse Gare de Metz constitue un exemple unique d’une gare de chemin de fer édifiée dans le style néo-roman. Imaginée par l’architecte Jürgen Kröger, la Gare de Metz est un véritable musée vivant. Truffée de détails, de personnages et d’allégories, elle témoigne de la vie d’une époque. Le cheval en plein effort avec ses naseaux fumants situé à l’entrée est par exemple une métaphore du cheval à vapeur, symbole de la révolution des transports passant de la traction animale au chemin de fer. Il montre également l’expansion de l’industrie sidérurgique allemande. Le style néo-roman de l’édifice, renforcé par l’utilisation de la pierre de Niderviller et la robe sombre du basalte de la Forêt Noire, est inspiré des contes rhénans. De nombreux dragons, faisant penser au Graoully messin, se dressent ainsi sur les pierres du monument. Les aigles impériaux se sont quant à eux envolés en décembre 1918 juste avant la venue du président Raymond Poincaré à Metz. Le blason de Metz a souvent été sculpté dans les espaces laissés vacants par le changement politique résultant de la Première Guerre mondiale. La gare est parsemée d’autres représentations plus poétiques et corporatistes aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Ainsi, dans le tunnel central, le symbole de chaque échoppe historique a été gravé dans la pierre pour rappeler son emplacement : achat des billets, bagagerie, coiffeur, etc. Les retrouvailles des familles sont quant à elles représentées par des baisers et des empoignades dans le hall des arrivées. Plus d’un siècle après sa construction, tout est encore d’origine. Il faut dire que la gare était très moderne pour son époque.
La volumétrie de l’édifice est impressionnante, notamment dans le grand hall. En effet, au-delà des détails et des symboles, des frises et des bas-reliefs sculptés, la Gare de Metz recouvrait avant tout une dimension politique. Cette construction monumentale devait affirmer le pouvoir et la puissance de l’Empire allemand et servir de vitrine et de porte d’entrée à l’Allemagne selon les vœux de Guillaume II. Celui-ci rêvait d’une gare autrement plus imposante et fonctionnelle que l’ancienne gare en cul-de-sac. Il lança donc un grand concours d’architecte en 1900 avec un cahier des charges très précis. L’édifice devait impérativement comprendre cinq bâtiments aux dimensions différentes selon leur affectation. La nouvelle Gare de Metz fut construite à l’emplacement des anciennes fortifications de Vauban et de Cormontaigne en un temps record. Plus de 10 000 ouvriers participèrent au chantier. L’ensemble de 300 mètres de long, soit environ la longueur de la Tour Eiffel couchée, fut inauguré en 1908. La Tour de l’Horloge, d’une hauteur de 43 mètres, domine encore aujourd’hui la gare. Elle évoque d’ailleurs le clocher d’une église.
Inscrite aux Monuments Historiques depuis 1975, la Gare de Metz remettra en jeu son titre de plus belle gare de France l’année prochaine. Cet édifice exceptionnel, avant-gardiste pour l’époque et à l’architecture inédite constitue enfin une pièce maîtresse de la candidature de Metz au patrimoine mondial de l’UNESCO.