Après la suppression des investissements programmés en matière d’hébergement à Madine, les turpitudes autour de l’installation de Climate City à Chambley et les polémiques sur de généreuses subventions publiques accordées à l’Alsace au détriment de la Lorraine et de la Champagne-Ardenne, le bas-rhinois Philippe Richert, par ailleurs président de la méga-région Grand Est, aurait à présent le Lorraine Airport dans le viseur. C’est en tout cas ce que pensent les syndicats de contrôleurs aériens qui ont dernièrement déployé une grande banderole sur la tour de contrôle de l’aéroport lorrain, propriété de la région, pour dénoncer le manque de soutien politique de Richert et le traitement de faveur qui serait accordé à l’aéroport de Strasbourg-Entzheim. Le texte de la banderole était à ce titre des plus explicites : « Aéroport menacé, moins d’effectifs, moins de services. L’Alsace sacrifie la Lorraine ».
Les contrôleurs aériens sont en effet opposés au projet de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) qui entend fermer la tour de contrôle du Lorraine Airport entre minuit et six heures du matin à partir du 1er janvier 2017. Cette décision permettrait à la DGAC de supprimer trois nouveaux postes après les quatre déjà sacrifiés en 2010. Le point est à l’ordre du jour du prochain Comité de direction des opérations qui a lieu à Paris le 25 novembre.
L’ouverture 24h/24 de l’équipement constitue l’un des principaux atouts du Lorraine Airport. Sa fermeture nocturne enverrait un très mauvais signal aux compagnies aériennes déjà présentes et potentielles. Si elle était entérinée, la décision entraînera en tout cas l’impossibilité d’effectuer des vols sanitaires de nuit, en particulier pour ce qui est des greffes et du transport d’organes. Les vols des avions privés et des clubs sportifs professionnels lorrains seront également impactés puisque déroutés sur la Base Aérienne 133 de Nancy-Ochey. Les vols commerciaux matinaux pourraient quant à eux être retardés par le traitement hivernal de la piste dans la mesure où la tour de contrôle ne pourra plus superviser les opérations de décontamination qu’à partir de six heures. Enfin, dans cette configuration, le Lorraine Airport ne pourrait plus jamais accueillir de fret nocturne, solution pourtant envisagée pour redonner des ailes à l’infrastructure depuis le retrait de DHL en 2004.
Les syndicats craignent par ailleurs que la réduction du nombre de contrôleurs aériens résultant de la fermeture partielle de la tour de contrôle n’ait aussi des conséquences sur le bon fonctionnement des opérations de jour. Déjà qu’ils n’arrivent pas toujours actuellement à s’occuper du service de nuit, s’ils n’étaient plus qu’onze contre quatorze aujourd’hui, les contrôleurs se retrouveraient en effet en difficulté au moindre aléa pour remplir leurs missions.
Déjà en proie à des tensions en interne suite au dépôt de plaintes pour harcèlement contre la directrice, le Lorraine Airport n’avait nullement besoin de ce énième coup d’épée dans le dos.