Dans son ouvrage intitulé Lorraine. De lumière et d’acier, Ugo Schimizzi, jeune auteur lorrain, dévoile les aspects méconnus et parfois secrets de notre région. Loin des clichés parfois réducteurs, la Lorraine est au contraire une terre riche, diversifiée et complexe.
BLE Lorraine : Quel est votre parcours ? Pourquoi et comment avoir décidé d’écrire et de publier ce livre sur la Lorraine ? Qu’essayez-vous de montrer à travers cet ouvrage ?
Ugo Schimizzi : « J’ai été formé à la communication à l’Ecole Supérieure d’Art de Lorraine à Metz, puis à la communication numérique au Celsa Paris IV La Sorbonne. Je travaille dans l’univers de la communication depuis six ans. J’ai été fortement marqué par mon passage en école d’art, puisque j’ai notamment été le co-fondateur et le rédacteur en chef de Karma, un magazine dédié aux musiques actuelles en Lorraine et au Luxembourg, ainsi que d’une troupe de théâtre à Paris. Photographe depuis le lycée, mais surtout durant mes cinq années d’étude à Metz, la photographie est, avec l’écriture, un médium que j’affectionne particulièrement. Prendre des photos, qu’il s’agisse de photos de concert, de paysages et plus généralement de vie, est une habitude que j’ai développée depuis de nombreuses années. Mon éloignement pour des raisons professionnelles de la Lorraine m’a permis d’y revenir en nouvel explorateur, d’avoir un œil neuf et aussi naïf que possible, sur une région que je pensais bien connaître.
Avec un ami lorrain d’adoption, nous avons décidé en 2014 de partir à la découverte de cette région qui nous semblait une amie connue et pourtant encore pleine de secrets. C’est ce qui a amené l’idée de créer ce livre : montrer que la Lorraine est pleine de richesses, d’histoires, de lieux aussi que l’on peut parcourir inlassablement, tant les propositions sont nombreuses et variées, si tant est qu’on se laisse aller à l’émerveillement. »
BLE Lorraine : Le regard que vous portez sur la Lorraine est-il différent de celui que l’on porte à Paris sur notre région ?
US : « Il serait dangereux de s’aventurer à parler au nom de toute une ville, qui, elle-même, est particulièrement cosmopolite et faite d’individualités. Ce que je peux en dire, vu de Paris, c’est que la Lorraine est une terre méconnue, aux contours flous, pour laquelle les gens que j’ai pu rencontrer ont un avis souvent restreint à des souvenirs personnels ou à des sujets particuliers (sport, culture, point d’histoire, etc.). Il y a donc une véritable nécessité à promouvoir une région riche en atouts, auprès des « Parisiens », qui sont eux-mêmes souvent issus d’autres régions de France ou du monde, mais aussi auprès des Lorrains ! La région avait d’ailleurs engagé cette démarche auprès de la capitale hexagonale il y a quelques années avec une campagne d’affichage dans le métro parisien. »
BLE Lorraine : Comment la Lorraine peut-elle selon vous réussir à casser cette triste image ? Comment donner envie de découvrir cette belle inconnue qu’est la Lorraine ?
US : « Modestement, en lisant mon livre (sourire). Plus sérieusement, il faut distinguer la communication institutionnelle, gérée par la région Lorraine, de la communication de proximité. Concernant la communication institutionnelle, n’ayant aucune connaissance de la volonté de nos dirigeants, ni du budget alloué à un tel chantier, il serait difficile de s’aventurer sur la question. Si la nécessité apparaissait à ce niveau, je pense qu’il faudrait lister quelques grands axes de communication et de points forts de la région, selon la volonté finale envisagée (tourisme, création de nouveaux bassins de population, développement d’entreprises de pointe, etc.). De là découlerait certainement une, voire plusieurs campagnes, en lien avec cet objectif, en fonction des cibles définies. D’un point de vue plus local, je pense que chacun doit se faire le relai de notre région auprès de son entourage, de sa famille et plus généralement dès que l’occasion peut lui en être donnée, si tant est qu’il ait une image positive de la Lorraine. Pour les habitants de la région, je ne peux que leur conseiller d’être curieux, de tenter des expériences et des voyages aux quatre coins du territoire et de se servir du merveilleux outil que peut être Internet. La région ne manque pas de lieux ou d’événements, qu’ils vous semblent totalement inconnus ou familiers. Perdez-vous, allez découvrir ou redécouvrir le village voisin, les Vosges, la Meuse, puis discutez-en ensuite à l’envie avec qui veut l’entendre ! Intéressez-vous aux richesses culinaires, à des circuits récemment aménagés, à des balades en vélo, à des points de vue qui vous permettront de voir toute la région en un coup d’œil. C’est ainsi qu’a été réalisé ce livre. A force de se perdre et de chercher, plus ou moins au hasard. Pour preuve, j’ai été ravi de pouvoir aller photographier l’Abbaye Notre-Dame de l’Etanche, non loin de Saint-Mihiel, totalement à l’abandon et pourtant d’une beauté incroyable. »
BLE Lorraine : La Lorraine a une histoire riche et complexe. Quels évènements ont le plus marqué son histoire selon vous et pourquoi ?
US : « Là encore, on peut distinguer les « grands événements » de l’histoire de la Lorraine, de phénomènes plus « marginaux » à l’échelle nationale. Tout le monde aura facilement en tête la Première Guerre mondiale ou le personnage de Jeanne d’Arc par exemple à l’évocation de la Lorraine. De mon côté, bien que ne niant pas l’importance et la complexité de ces deux exemples, d’ailleurs représentés dans le livre, j’aurais tendance à orienter le visiteur sur deux autres points précis. D’une part, la Guerre de 1870, qui est à mon sens une guerre extrêmement importante à de nombreux niveaux (politique, économique, technologique, sociétal) et dont le théâtre des opérations se passe en grande partie en Lorraine (Gravelotte, Metz ou encore Bitche pour ne citer qu’eux). D’autre part, l’existence durant trois siècles d’une république messine, faisant de la capitale de la région Lorraine une place spécifique qui lui confère une vie particulière au sein de la France. »
BLE Lorraine : Comment la Lorraine peut-elle continuer à communiquer, rayonner et exister maintenant qu’elle est intégrée dans le Grand Est ?
UG : « D’un point de vue institutionnel, tout dépend de nos représentants. Plus généralement, charge à chaque acteur local de mettre en avant ses atouts et ses arguments. L’existence de la Lorraine n’ayant pas empêché les départements et les communes d’avoir leur vie et leur communication propre, j’ai tendance à croire que le Grand Est ne vient pas non plus annihiler la région Lorraine. Par ailleurs, il existe de nombreuses façons de communiquer au-delà d’un affichage massif ou d’insertions presse. Internet, notamment, peut permettre de mettre en place de jolis projets avec un peu d’imagination et de bons contenus, ce dont notre région regorge ! »