C’est fini. Après quatorze années d’existence, le Moselle Open ne vivra malheureusement pas une nouvelle édition en 2017. Le tournoi ATP 250 de Metz est délocalisé à Taïwan.
L’acte de vente du plus grand évènement sportif de la région a été signé samedi 8 octobre 2016 par Yvon Gérard, manager général du tournoi mandaté par le Comité de direction piloté par Fabrice Santoro. Tous les actionnaires n’étaient pas d’accord pour céder l’épreuve phare du tennis lorrain. Deux étaient contre, dont notamment le directeur du tournoi, Julien Boutter. Le Moselle Open a été vendu à Taïwan, plus précisément à l’homme d’affaires Robert Han qui dirige Orient Express Container (OEC). Ce consortium industriel créé en 1984 en Asie-Pacifique, qui génère des milliards de dollars et emploie des milliers de personnes, est le leader mondial du transport et de la logistique. Les premiers contacts avec Robert Han remontent à septembre 2015. Passionné de tennis, l’homme d’affaires taïwanais patientait depuis longtemps. Il faut dire qu’il organise chaque année des tournois Challengers de 125 000 dollars, la catégorie en-dessous du Moselle Open, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Il entend désormais lancer depuis Taïwan la saison des tournois asiatiques, très lucrative pour les joueurs, avant les rendez-vous de Chengdu, Shenzhen, Pékin, Tokyo et Shanghai.
Robert Han fera monter le money prize de Taïwan à 800 000 euros, soit une augmentation de 30 % par rapport au Moselle Open. Les garanties, qui sont versées aux joueurs pour assurer leurs venues, s’élèveront quant à elles à un million d’euros, contre moins de 300 000 euros à Metz. Afin de perdurer, le Moselle Open aurait dû faire passer son budget de trois à près de 4,5 millions d’euros. Face à des concurrents directs mieux armés financièrement, l’épreuve lorraine ne pouvait plus lutter sur le circuit mondial.
Désigné « Meilleure organisation de l’année » en 2005 et « Meilleure progression » en 2012, le Moselle Open était pourtant financé à 78 % par des partenaires privés. Il n’a en effet jamais convaincu la plupart des collectivités territoriales, excepté le département de la Moselle. Plombée par l’idéologie de son maire socialiste, la Ville de Metz l’a abandonné en cours de route, ne mettant plus qu’uniquement les installations municipales à la disposition des organisateurs.
Au final, tout le monde y perd. Il n’y aura plus les sept millions d’euros de retombées économiques par an dans la région, le village des partenaires riche en entretiens d’affaires, les emplois indus par l’évènement ou encore les milliers de scolaires et d’enfants défavorisés invités lors d’une journée spéciale. Le sport professionnel est aussi populaire. Il attire les médias du monde entier et braque les projecteurs. La Ville de Metz ne récoltera plus les 40 000 euros de taxe sur les spectacles que cette pépite lui rapportait annuellement et l’Etat français ne recevra plus de son côté la TVA et les impôts à la source sur le gain des joueurs.
Metz s’est suicidé tout seul. Après avoir perdu près de 5 000 hommes sans vraiment combattre dans le cadre des iniques et odieuses restructurations militaires et son statut de capital régional au profit de Strasbourg avec l’avènement du maudit Grand Est, la ville voit désormais s’écrouler tout un pan de son image sportive et de son dynamisme économique.
Rappelons enfin que les meilleurs joueurs mondiaux sont passés et se sont imposés à Metz, à l’image de Djokovic, Tsonga, Monfils ou encore Ljubicic et Goffin. Lucas Pouille restera quant à lui le dernier vainqueur du Moselle Open.