La façade du théâtre de Lunéville, qui donne sur la Rue de Lorraine, est majestueuse. Elle est l’œuvre de l’architecte de la ville, Lucien Weissenburger, qui a également réalisé l’emblématique Brasserie Excelsior de Nancy.
L’architecte a utilisé un matériau extrêmement novateur pour l’époque, à savoir le béton armé. Seules les parties nobles de l’édifice ont été recouvertes de pierre blanche d’Euville et de Savonnières, ce qui a permis de réduire le montant de l’investissement tout en répondant aux nouvelles normes de confort et de sécurité. Le théâtre dispose de trois escaliers : une volée d’honneur et deux autres plus modestes qui desservent deux galeries. L’escalier principal était emprunté par les riches, le second par les classes moyennes et le troisième par les pauvres. Chacun pouvait ainsi se situer socialement, même si l’ensemble répondait avant tout à une exigence de sécurité. Indépendants les uns des autres, ils évitent en effet les engorgements et assurent une évacuation rapide en cas de besoin.
Le théâtre s’insère admirablement bien dans le centre historique de Lunéville. Sa façade fait ainsi écho à l’architecture de l’église Saint-Jacques et du château. Détruit par un incendie le 18 octobre 1908, le théâtre à l’italienne de Lunéville rouvrit ses portes en avril 1911, à l’emplacement même de la salle de comédie édifiée en 1733 dans le prolongement du château, à la demande de la régente Elisabeth-Charlotte, veuve du Duc Léopold 1er de Lorraine. A l’époque, cette salle de comédie était directement reliée aux appartements de la famille ducale par une galerie. Elle était par ailleurs agrémentée de décors grandioses signés du scénographe italien Bibiena, rapportés de l’Opéra de Nancy.
Aujourd’hui, le théâtre à l’italienne de Lunéville, qui mêle harmonieusement classicisme et Art nouveau, se présente dans l’état intact de sa reconstruction. Il est possible d’accéder aux magnifiques bosquets du château depuis son péristyle, conçu comme un passage public réalisé sous la salle de spectacles.
A noter enfin que la scène conventionnée de Lunéville, appelée « La Méridienne », tire son nom de la méridienne peinte sur la façade Sud du théâtre vers 1780 par le fils de Cyfflé. Elle avait la particularité d’indiquer le midi moyen qui permettait de régler montres et horloges des habitants de la ville.