Après plus de deux ans de travaux et 12,5 millions d’euros d’investissement, le Mémorial de Verdun a dernièrement rouvert ses portes pour célébrer le Centenaire de la Bataille.
Tout en en conservant l’esprit et les grandes lignes, le bâtiment voulu par Maurice Genevoix en 1967 a été métamorphosé. Ses proportions ont été retravaillées, son environnement paysager a été remodelé, son sous-sol a été creusé. Une aile a également été ajoutée et l’ensemble est désormais coiffé d’une terrasse panoramique qui permet d’embrasser la forêt qui a été plantée sur cette terre meurtrie et d’apercevoir au loin le majestueux Ossuaire de Douaumont, autre symbole des champs de bataille de Verdun.
L’idée est de faire comprendre et de faire ressentir au visiteur ce que fût l’enfer de la Bataille de Verdun qui dura dix mois : 300 000 morts, 400 000 blessés, 80 000 corps toujours ensevelis. Il entre ainsi par un rez-de-chaussée à moitié enfoui, avant de plonger dans un univers sensoriel. Le champ de bataille a été reconstitué sous ses pieds sous des plaques de verre. Dans un clair-obscur, de la boue et des obus recréent une atmosphère écrasante. Des soldats français et allemands témoignent de l’horreur de la guerre. La scénographie interactive, qui fait la part belle au multimédia, joue sur l’émotion du visiteur. Des capteurs permettent d’appréhender les vibrations qui se faisaient ressentir à 11 km, 24 km et même jusqu’à 160 km du champ de bataille. Un effet saisissant qui témoigne de la pluie d’acier qui s’est abattue sur Verdun en 1916. Sur une douzaine de kilomètres, 1 400 canons et mortiers crachèrent sans arrêt un million d’obus en neuf heures. Si bien que quelques instants après le début d’une lutte effroyable que le monde n’avait encore jamais connue, la terre n’était déjà plus que boue, cratères et pièges. Œuvre de la guerre industrielle.
Le visiteur s’éloigne ensuite du front pour rejoindre la seconde ligne puis l’arrière. Il y découvre le quotidien des combattants français et allemands en 1916, ainsi que de nombreux objets et sculptures fabriqués par les Poilus il y a 100 ans.
200 000 visiteurs sont attendus chaque année au Mémorial de la Bataille de Verdun.
L’authentique fanion de commandement du colonel Driant a dernièrement été remis au Mémorial de Verdun. Cette relique exceptionnelle était conservée chez un particulier en Alsace depuis 1936. Une remise symbolique en cette année du Centenaire de la Bataille de Verdun. Héros du Bois des Caures, Emile Driant est mort le 22 février 1916 d’une balle de mitrailleuse à la tempe avec son fanion non loin de lui. La veille, jour du déclenchement de la Bataille de Verdun, un déluge de feu s’était abattu sur lui et ses Chasseurs des 56ème et 59ème Bataillons qui incarnaient la résistance face à l’avancée allemande.
Le carré de tissu Bleu-Jonquille, couleurs des Chasseurs, frappé du cor de chasse et des deux numéros mythiques 56-59, sera exposé dans une vitrine du Mémorial à partir de janvier 2017. Il sera accompagné de la lettre et d’un dessin au fusain exécuté par un soldat allemand qui représente le PC de Driant dans le Bois des Caures le 5 mars 1916. Une autre pièce exceptionnelle.