La condamnation du patron de Radio France, Mathieu Gallet, la relance de l’affaire Richard Ferrand, le marché des radars ou Bygmalion, autant de victoires engrangées par l’association Anticor. Elle est devenue un acteur, parfois contesté, de la justice financière. Elle reçoit en effet de nombreuses alertes dénonçant des comportements d’élus contraires à l’éthique. A côté d’affaires nationales très médiatiques, Anticor agit tout aussi efficacement au niveau local, comme par exemple au sujet du SYDEME (SYndicat des DEchets ménagers de Moselle-Est).
Signalement au procureur
A l’initiative de l’ADQV (Association de Défense pour la Qualité de la Vie au Pays de Bitche) et de l’ADPB (Actions et Défense du Pays Boulageois), huit collectifs et associations de Moselle-Est ont déposé un dossier concernant la gestion du SYDEME auprès d’Edith Talarczyk, la référente Anticor en Moselle depuis 2012.
Le bureau juridique de l’association, constitué d’une quarantaine de personnes, des juristes, magistrats et spécialistes des finances, ont validé le dossier des « lanceurs d’alerte » mosellans. Le 5 décembre 2017, un signalement a été fait au procureur de Sarreguemines pour suspicion de favoritisme, détournement de fonds publics et prise illégale d’intérêts. Une enquête sur la gestion des deniers publics par le SYDEME vient d’être ouverte par le SRPJ (Service Régional de Police Judiciaire) de Strasbourg.
Anticor bouscule la justice financière
Tout comme Transparency International ou Sherpa, Anticor est une association anti-corruption créée en 2002. Elle dispose de 130 000 euros de budget et d’une trentaine d’adhérents en Moselle sur les 2 000 répartis dans 63 départements couverts par 81 référents. Avec 1 300 alertes reçues en 2017, elle se bat « contre la corruption et pour l’éthique en politique » et a obtenu l’agrément du ministère de la Justice pour agir en justice. Le rôle d’Edith Talarczyk, ancienne élue de Terville de 1995 à 2010, est d’être le relais avec le bureau national et de faire le lien, depuis 2015, entre les référents départementaux. « Anticor est le gardien de la vertu politique. On demande aux élus d’être transparents et d’avoir une gestion claire, c’est indispensable. Le citoyen veut savoir où passe son argent. On n’est pas des justiciers. Nous rapportons les faits, c’est au procureur d’agir et de faire le travail », explique-t-elle.
Un travail extraordinaire
« L’ADQV et l’ADPB ont fait un travail extraordinaire d’investigation. Ils connaissent le dossier sur le bout des doigts. Travailler avec des gens comme ça est très motivant. Sans structure juridique derrière, c’est impossible. Heureusement qu’Anticor est là, les gens peuvent compter sur l’association », conclut Edith, admirative de la somme de travail entreprise depuis des mois.